Je raconte en grisaille, technique ancestrale utilisée sur les vitraux. (Cela consiste à cuire des oxydes métalliques à une température de 610° pour les intégrer dans la feuille de verre.) Je travail dans les nuances du gris ; du noir qui occulte au transparent qui révèle le blanc cousu d’une couche inférieure.
C’est un travail du dévoilement, de la mise à nue ou au contraire de la dissimulation, d’une intimité que je cueille avec empressement. Je me faufile pour mieux attraper celles qui ne se voient pas avec les yeux, j’aime à tendre les doigts pour agripper les plus insignifiantes. Quand enfin j’en tiens une, elle devient une friandise que je croque sur des carnets. Puis vient le temps ou ces intimités capturées sont ingérées et passent par le ventre de ma propre intimité. Elles sont restituées au travers d’une image pudique, une extimité minimale qui met en présence deux foyers : le monde ou monsieur X et moi-même. C’est dans ce clivage, perception représentation, intuition hasard, intime publique qu apparaissent mes grisailles. Elles sont les fruits gourmands de ma consommation boulimique du monde.